C' est Frederic alias Madfred qui ouvre cette rubrique " interview".
Lisez bien ce qui suit et vous apprendrez tout ce qu' il faut savoir sur les amorces et l' amorçage.
Fred voila quelques questions sur ta fameuse base d' amorce.
1°Peche-partage :Fred peux tu nous parler de la genèse de cette amorce. Comment est elle née ?
Madfred :
Vous allez être surpris mais je ne suis pas le créateur de cette base à proprement parler. Cette base m’a été donné par Dominique, un ami Dunkerquois, pêcheur de longue date et compétiteur ultra sympa, qui m’a donné beaucoup de tuyaux pour évoluer dans le monde serré de la compétition sur le littoral dunkerquois.
Beaucoup de pêcheurs du littoral utilisent des bases quasi identiques avec seulement quelques farines qui changent mais on garde le même esprit d’amorce passe partout et pas chère, qui joue la carte de la prudence sur des concours où l’on a difficilement 1000 points (1 kilo) pour se classer dans les dizaines.
J’ai donc gardé cette base pour la moduler selon les critères de pêche, mais aussi pour la connaître parfaitement et en jouant uniquement sur son mouillage, j’ai réussi à l’utiliser partout, du canal de 70 centimètres de fond, à la Seine pour taquiner les barbeaux.
Ce sont les esches ajoutées qui font la différence.
Pour moi l’amorce sert de véhicule aux esches et il est vrai que même si la base parait pauvre, même après enrichissement des farines que j’ai modifiées, elle me permet de rester prudent et ne pas me planter en cas de difficulté non prévue.
Je rappelle que c’est une base créée au départ pour des concours, où il faut de la prudence dans le mode d’amorçage, car si l’amorce est trop riche, cela peut jouer parfois des tours. Avec du fouillis, dans le Nord, c’est un mélange qui permet de rester prudent. Il vaut mieux enrichir une amorce d’esches que de se faire pièger car on a vu trop gros…..
Pour ce qui est de son nom, dès mon arrivée sur Pechemaniac, j’ai donné cette base dans le but de partager et que des pêcheurs qui ne savent pas créer des mélanges eux-mêmes puissent avoir un mélange basique, passe partout et à force de la citer, c’est devenu sur le net la « base madfred », pour simplifier son appellation.
2° Quelle est a formule originale ( c’ est comme la création du monde, il y a eu un premier jour !) ?
La base originale est composée de
3 parts de chapelure rousse
2 parts de Pv1
1 part de coco belge
1 part de chènevis moulu
1 part de semoule de mais
1 part de biscuit speculoos
3° Peux tu expliciter le rôle de chaque ingrédient et le choix des proportions ?
Pour ce qui est des proportions, nous avons un mélange 3 tiers comme on les appelle : 1/3 de collant 1/3 de neutre 1/3 de dispersant
Le biscuit et le PV1 sont les collants, le coco, la semoule et le chènevis les dispersants et la chapelure rousse le neutre.
On garde un équilibre magique dans ce qui est la standardisation d’une amorce afin de pêcher partout.
LA CHAPELURE :
Elle représente 33% du mélange, et elle sert de base à toute amorce qui se tient. Pour ce qui est de la chapelure rousse, j’ai eu au départ des soucis à en trouver en sac, car celle vendue en Belgique ressemblait plutôt à de la biscotte qu’à une réelle chapelure rousse. Je vais donc chez le boulanger me fournir en miettes de coupe de la machine à trancher le pain. Ca me revient quasiment à rien, étant client de ce boulanger.
En fait, j’ai choisi une boulangerie où le pain est bien cuit. En utilisant un tamis le plus fin que l’on trouve en matière de tamis de pêche, je récupère les miettes les plus fines et je les utilise tel qu’elles. En hiver, je les repasse au four 5 minutes à 200° pour en diminuer la valeur nutritive car une chapelure est quand même un produit nourrissant en hiver. En été par contre, j’en remplace une part par de la chapelure blonde, pour enrichir et recoller un peu la base.
Le PV1
C’est un classique des amorces au coup, mais on peut utiliser également l’épicéine qui colle un peu plus. Je préfère le collant du PV1 alors que d’autres pêcheurs vont lui préférer l’épicéine. En été, on peut enrichir cette base avec de l’épicéine, et c’est aussi ce que je fais quand je pêche en rivière, ou sur des gros scores prévus à 90% de chance. Mais par prudence, bien souvent je ne remplace qu’une part de pv1 par de l’épicéine.
LE BISCUIT SPECULOOS
C’est un produit issu des Speculoos, fameux gâteaux belges épicé à la cannelle. C’est d’ailleurs pour cette épice que je le préfère aux autres biscuits. La cannelle a selon moi des valeurs digestives importantes, et même si il y en a peu, on peut très bien en ajouter. On trouve facilement ce biscuit dans le Nord, enfin en Belgique mais il est tout à fait possible de le remplacer par du biscuit gras classique ou du vanillé en hiver, afin de ne pas se ruiner en broyant des gâteaux du commerce.
Pour moi, c’est le pouvoir collant du Speculoos qui m’intéresse, il collera moins que le biscuit vanillé ou le biscuit gras classique.
LA SEMOULE DE MAIS :
Elle est avec le millet, l’une des seules farines qui font travailler les particules d’amorce sur un plant horizontal, contrairement au coco ou au chènevis qui le font sur un plan vertical et font remonter les particules
Crue, elle a un aspect gustatif quasi nul, et c’est le coté « travail » qui m’a fait garder cette farine dans mon mélange, en toute saison
LE COCO BELGE
C’est un dispersant classique, que je mets dans TOUTES mes amorces car j’adore ce produit.
D’autres utiliseront le coprah nature à la place, car il sent moins fort mais pour moi, il travaille moins.
LE CHENEVIS MOULU
En été, utilisé simplement moulu, un excellent dispersant qui plait à tous les cyprins que je trouve dans les eaux où j’utilise cette base
En hiver, si je veux l’appauvrir un peu, je le cuis puis je le mouds, et si je veux l’appauvrir beaucoup, je le mouds puis le cuis.
Un produit pour moi indispensable dans tous mes mélanges, hormis en grosse rivière où l’on peut l’enlever car il travaille beaucoup.
4°Je sais que tu as fait des adaptations en fonction de la saison, du type de lieu où on l’emploie. Peux tu dire lesquelles et pourquoi. ?
Question saison il va de soi qu’en hiver on va appauvrir les amorces, bien que cette base soit déjà assez pauvre. Je grille donc le chènevis, afin de descendre l’apport nutritif de ce mélange. Je vais également utiliser le biscuit vanillé qui fera moins travailler le mélange, rattrapant un peu la mécanique du chènevis grillé travaillant un peu plus que le cru.
Je regrille aussi ma chapelure rousse au four, 5 minutes à 200° pour l’appauvrir.
Je ne touche pas aux autres produits.
En été, je vais enrichir un peu le mélange. Pour la chapelure, je remplace donc une part de rousse par de la blonde, mais on peut aussi mettre 3 parts de blondes. Je ne suis pas limité sur les modifications mais par la prudence.
Je vais également remplacer une part de PV par de l’épicéine, pour enrichir, l’épicéine fraîche étant à mon avis bien plus nutritive qu’un PV1 classique.
Je peux également ajouter une part de tourteau de mais, comme j’explique ci-dessous.
En étang, j’enlève parfois selon le lieu de pêche un PV1 que je remplace par un coco par contre en rivière, j’enlève ce coco, que je ne remplace pas. Je mouille alors mon amorce avec une part de tourteau de mais fin que j’ai détrempé la veille dans une bassine à part. Je finis le mouillage de façon classique.
En rivière lente, j’ajoute de la terre, jusqu’à 30% du volume final et si la rivière est rapide, je mets directement deux à trois parts de terre à l’amorce sèche et je mouille le tout à tatons au vaporisateur, ou au batteur à amorce.
5° C’ est je crois une amorce pour la pêche au coup au départ. L’ utilises tu aussi pour l’ anglaise et le feeder ?
C’est une amorce que l’on peut utiliser à l’anglaise, au feeder, à la bolo, comme à la grande canne.
Pour l’anglaise, on la laisse telle qu’elle mais on la mouillera pile poil pour la fronde. On peut également ajouter deux grosses poignées de terre, pour 10 litres d’amorce, une terre bien mouillée, pour recoller le tout, sans trop jouer sur le mouillage
Au feeder elle est utilisable telle qu’elle, mais préférable en version été car elle est pauvre et au feeder, j’ai toujours préféré lui utiliser la Van Den Eynde Super feeder, créée par Jan Van Schendel, et depuis peu, grâce à mon ami David, dit le Pekser, j’utilise des mélanges MOSELLA Compétition ou Favourite pour cette technique.
6° Ou trouves tu les composants ? Comment choisis tu tes farines ?
Sur Dunkerque, nous avons la chance d’être à une vingtaine de kilomètres de la Belgique, et nous pouvons trouver des farines en sac de 20 à 25 kilos, afin de faire nos bases. Cela revient finalement très peu cher et les farines sont fraîches. On peut aussi comme moi les acheter par 5 kilos, pour garder cette fraîcheur finalement gage de réussite. Pour info, la base me revenait à environ 0.80 euro le kilos, et 0.65 euro quand je fais ma chapelure moi-même.
Je choisis mes farines selon la fraîcheur . Dans ce type de magasin, on peut « tâter » et humer les farines dans le sac. Si ce n’est pas assez frais à mon goût, je prends un sac complet.
Je sais que mes amis utilisent des farines de marques bien connues pour faire la base et que mécaniquement cela ne change pas trop de ce que je connais avec les produits WIELCO que j’utilise depuis près de 7 ans à présent, avec succès.
7° Est ce que tu ajoutes parfois des additifs. Si oui lesquels et pourquoi ?
Je vais être franc avec toi, je n’aime pas les additifs tels qu’ils sont vendus dans le commerce. Je trouve que cela leurre facilement le pêcheur et pas le poisson
Mes additifs naturels sont pour moi :
La cannelle, que j’ajoute à raison de deux cuilleres à soupe par kilo d’amorce, pour le coté épicé et surtout pour les vertus digestives, en été.
Le bicarbonate de soude, une cuillère à café par kilo d’amorce sèche, que je trouve en pharmacie, pour l’aspect digestif, quelque soit la saison.
Un excellent produit anti gavage, surtout en hiver
Le gros sel pour les pêches de gardons en hiver, une poignée par bac d’amorce de 10 litres.
Je privilégie les épices sous forme de farines mais dans une autre base. Ce sont le coriandre et le fenouil, mais surtout en hiver sur cette base :
3 parts de chapelure rousse
1.5 part de pv1
1 part de chènevis grillé moulu (graines grillées puis moulues)
1 part de biscuit vanillé
1 part de coprah nature
1/2 part de coriandre
1/2 part de fenouil.
C’est une base aromatique, idéale sur les pêches de gardons en hiver.
8° Peux tu expliquer en détail la façon dont tu prépares le mélange ?
Pour le stocker, je mélange tous les produits sauf la chapelure et le chènevis que je ne prépare qu’au compte goutte la veille de la pêche, voire le matin même. Pour cela j’utilise un gobelet de même taille depuis des lustres, pour avoir environ 2.50 kilos d’amorce sèche, l’équivalent de 10 litres mouillés, limite dans 90% des concours du 59.
Pour la préparation au bord de l’eau (le mouillage), vue la fluidité de ce mélange, je ne le tamise même plus, mais je le mouille avec un batteur à amorce, avec un volume d’eau que je mets au pif calculé, à vue d’œil, grâce à une boite à esches qui me sert de volume, car je connais ce mélange sur le bout des doigts, et je sais comment le mouiller, ce qui amène la question suivante.
9° Y a-t-il une question que nous aurions oubliée et que tu aurais aimé qu' on te pose ?
Ben oui , comment je mouille l’amorce selon les conditions !!!
En fait la clé de la réussite avec ce type de base ou tout autre base, c’est de savoir comment agit le mélange dans les mains, au mouillage et dans l’eau.
On jouera donc sur le mouillage, clé de la réussite.
En rivière, le bac est mouillé « à point » afin d’avoir un mélange qui colle le mieux possible selon les conditions
En canal et en étang, cela dépend de la population. Soit je le « mouille sec » pour les pêches de petits poissons, soit je le surmouille pour le neutraliser et éviter que trop de particules ne remontent, synonyme d’aimant à petits poisson
En canal, on peut également saturer les dispersants d’eau, en les mouillant en soupe, puis en ajoutant cette soupe aux autres farines, afin d’obtenir un mélange qui travaillera bien moins, et de façon « laiteuse » au fond de l’eau, toujours pour éviter les « alevins ».
La clé de la réussite est le mouillage et je dirai que multiplier les expériences sera la meilleure chose à faire, on n’apprend pas tout sur des mots !!!!
Merci Fred de t' être plié a ce plier a ce petit jeu.
Toute l' équipe de Peche - partage te remercie chaleureusement.