Manni Administrateur
Nombre de messages : 1935 Age : 71 Localisation : Deauville Date d'inscription : 31/05/2008
| Sujet: Les secrets des pêcheurs a l' anglaise ( 2) Sam 21 Juin - 18:05 | |
| Le matériel
Je dois tout de suite vous mettre en garde contre une mauvaise tentation : celle de vouloir entreprendre de pêcher à l'anglaise avec un matériel mal adapté. J'en connais plus d'un qui s'y sont essayés avec, par exemple, une canne télescopique à truite ou des flotteurs pas du tout « étudiés pour». Ils n'ont rien réussi de bon et ont été amenés rapidement soit à abandonner, soit à se procurer un matériel conçu pour cette pêche.On trouve maintenant chez certains détaillants (et pas seulement à Paris) à peu près tout ce qu'il faut. Du matériel souvent importé mais également français et celui-ci n'a maintenant plus rien à envier aux productions d'Outre-Manche.
La canneUne bonne canne «anglaise » doit comporter un certain nombre de caractéristiques bien précises et qui ont toutes leur raison d'être.— Elle doit mesurer entre 3,50 m et 4 m. Plus courte, elle ne permet plus de bien contrôler la ligne et de ferrer efficacement à distance. Plus longue, elle devient difficile à manier d'une main. Ma préférence personnelle va aux cannes de 12 pieds (3,60 m) : sans que je puisse expliquer pourquoi, celles-ci me paraissent être les mieux équilibrées donc les plus agréables.— Elle doit être assez puissante pour lancer sans effort un flotteur plombé à 3 ou 4 grammes à plusieurs dizaines de mètres, mais posséder en même temps un scion suffisamment souple pour amortir un ferrage avec un bas de ligne fin.Certaines cannes ont une action de pointe (ferrage rapide mais faible « puissance »), d'autres une action plus parabolique (ferrage plus lent, puissance plus grande). Le choix est une affaire de goût, de poignet, étant entendu qu'il faut juger une canne en la prenant en main. Si vous avez la possibilité d'acheter ou de «bricoler» plusieurs cannes, faites comme moi : j'utilise une canne rapide pour pêcher léger, une canne lente pour pêcher lourd.— Elle doit être légère, pour des raisons évidentes de confort. A titre indicatif, j'utilise des cannes pesant à peine 250 g et je considère 280 g comme le maximum admissible (pour une 3,60 m).— Enfin, et c'est très important, elle doit être équipée de bons anneaux. Il est impératif que ceux-ci soient légers (pour ne pas casser l'action), chromés dur pour résister à une usure prématurée et, pour éviter tout contact, tout frottement entre le fil et le corps de la canne, être à la fois surélevés et très rapprochés les uns des autres.Une canne de 3,60 m doit compter au moins onze ou douze anneaux. J'insiste, c'est absolument primordial.On trouve actuellement sur le marché de nombreuses cannes de marques différentes, françaises ou d'importation. Certaines sont très bonnes, d'autres moins, d'autres encore franchement mauvaises. Je passerai ces dernières sous silence pour ne faire de peine à personne. Parmi celles que j'ai essayées, les meilleures me paraissent être (sans ordre de préférence) :— HARDY « Matchmaker » (un peu lourde... et chère).— SHAKESPEARE « International ».— FARI0 « Oxford »— c'est, je crois, la première canne anglaise à avoir été fabriquée en France. Elle est un peu lourde mais son action est bonne.— GARBOLINO « Longue Coulée ». A noter que cette firme vient de sortir un nouveau modèle qui me paraît très remarquable. Il est, en particulier,équipé d'extraordinaires anneaux « Fuji », étonnants de légèreté et de robustesse.J'ai eu également en main plusieurs cannes au carbone: elles sont sensationnelles. C'est probablement l'avenir, en dépit du prix assez élevé.
Le moulinetEtant entendu que je ne suis pas partisan des micromoulinets dits «à ultra-léger»— car ils ont tendance à vriller le fil très rapidement en raison du faible diamètre de leur bobine —, on peut utiliser n'importe quel moulinet à lancer léger, et ce ne sont pas les bons modèles qui manquent.Cela dit, il y a tout de même plusieurs moulinets qui ont été plus spécialement conçus pour la « pêche fine » : ultra- léger ou coup. C'est le cas des modèles « capotés » qui présentent un avantage incontestable : celui d'éviter les perruques, toujours très ennuyeuses avec des fils fins. Parmi ceux couramment utilisés en Grande-Bretagne et que j'emploie un peu indifféremment suivant l'humeur du jour :— ABU 505 ou 506. Solide,rapide d'utilisation, la bobine n'est malheureusement pas garnie de chenille et, si elle est trop remplie, il s'ensuit parfois quelques incidents. Impossibilité de «démouliner».— CONTACT 400, très bonne qualité technique. Frein très professif. La libération du fil n'est pas très rapide. Impossibilité de «démouliner».— ABU 501. Un tout nouveau modèle, avec quelques améliorations par rapport au 506 : une bobine garnie d'une chenille et possibilité de «démouliner» (qui existe également sur le Shakespeare) ce qui est important pour ceux qui comme moi n'ont qu'une confiance limitée dans les freins — aussi bons soient-ils — et qui préfèrent, sur un beau poisson,rendre du fil en moulinant à l'envers.— SHAKESPEARE INTERNATIONAL.Même conception que le précédent.
Ces moulinets capotéssont incontestablement très pratiques. De par leur conception même,cependant, il se produit, au moment du lancer, un certain freinage du fil. C'est pourquoi, lorsque j'ai besoin de pêcher très loin, je préfère utiliser un MITCHELL « Otomatic » 440 ou 840. Outre son déclenchement très rapide (une simple pression sur l'anse de panier), ce moulinet possède une excellente bobine, large, bien dégagée. La récupération est ultra-rapide...ce qui peut être un défaut en de mauvaises mains : si l'on mouline trop vite, avec ce modèle, il se produit vite un vrillage de la ligne (surtout si l'on pêche avec deux asticots sur l'hameçon — qui forment « hélices » — et encore plus en eau courante). Son défaut est qu'il se produit parfois des emmêlages de la ligne autour du bras qui supporte l'anse de panier.A noter que MITCHELL propose depuis peu des bobines garnies de chenille et à faible capacité, c'est-à-dire qu'elles sont remplies avec 100 mètres de 12 ou 14%. C'est intéressant et pratique : j'ai toujours eu du mal à comprendre pourquoi les fabricants de moulinets continuent de livrer des bobines pouvant contenir 300 ou 400 mètres de fil ! De sorte que les pêcheurs peu avertis ont toujours des bobines mal remplies (freinage considérable au lancer) ; quant aux autres, ils doivent procéder à un « bourrage » préalable : pour ce faire, j'utilise personnellement de la laine, enroulée très serrée et recouverte de deux ou trois tours de ruban adhésif.
Le filEn ce qui concerne le fil qui garnit le moulinet — et qui constitue la ligne puisque c'est sur lui qu'on monte directement le flotteur et les plombs — il doit être à la fois assez fin pour les raisons évidentes de souplesse,d'aisance de lancer, de proportion convenable avec le bas de ligne, et suffisamment solide pour résister à des lancers appuyés,au frottement sur les anneaux... et bien sûr au ferrage sur des beaux poissons.Pendant un temps, j'ai utilisé du 10%, mais je l'ai maintenant abandonné parce que les casses étaient trop fréquentes et le vrillage assez systématique. Dans 70 % des cas, j'emploie maintenant du 12% qui me paraît le diamètre idéal pour des conditions normales. Toutefois, il est préférable d'utiliser du 14% lorsqu'on pêche très lourd ou quand on prévoit de « toucher » de beaux poissons. On note cependant que malgré la faible différence de diamètre entre le 12 et le 14, ce dernier est moins agréable : les lancers sont moins « coulés ».Dans les cas extrêmes (très gros poissons, ligne très très lourde), on doit parfois monter jusqu'au 16% : il faut vraiment que j'y sois obligé.Comme dans toute pêche au coup, il faut garder une proportion raisonnable entre le corps de ligne et le bas de ligne. On peut donc prévoir les « correspondances » suivantes :— Corps de ligne 12% — bas de ligne en 8,10 ou 12% (car même avec un bas de ligne d'un diamètre identique au corps de ligne, une casse éventuelle se produit pratiquement toujours au nœud de raccordement).— Corps de ligne 14% — bas de ligne en 10, 12 ou 14%- Et ainsi de suite.
Pour ce qui est de la nature du fil, on ne recherche pas exactement les mêmes caractéristiques que dans la pêche au coup classique. Compte tenu que le ferrage s'effectue parfois à 30 ou 40 mètres, il ne faut pas un fil trop «élastique », c'est-à-dire dont l'allongement avant rupture est trop important (et certains fils actuels ont des allongements de plus de 25 % !). Par ailleurs, et bien que cela puisse paraître paradoxal, il me semble qu'on a moins « d'ennuis » avec des fils assez « raides » (toute proportion gardée, bien sûr) qui n'ont pas autant tendance à « perruquer » et à vriller.De toute façon, et quel que soit le fil utilisé, je ne saurais trop recommander d'en changer souvent : comme chacun sait, le nylon est une matière qui « vieillit » et, en quelques mois, sa résistance s'amoindrit notablement. Celui qui pêche un an ou deux avec la même ligne s'expose à des déconvenues...
J'ai dit, au chapitre des moulinets, qu'il fallait « bourrer » la plupart des bobines. Faites-le de manière qu'elles soient correctement remplies — c'est-à-dire presque à ras-bord — avec 75 ou 100 mètres de fil, puisque le nylon est vendu habituellement dans ces longueurs.
Les hameçonsOn ne peut pas dire qu'il y ait des hameçons particulièrement destinés à la pêche au moulinet. Etant donné, cependant, qu'on recherche en général les beaux poissons, il vaut mieux adopter des hameçons solides. Par ailleurs, et comme le plus souvent l'esche utilisée est l'asticot, il y a des hameçons qui conviennent mieux que d'autres : ma préférence va aux modèles nickelés (blancs), à tige courte —j'ai constaté que les décrochages sont moins fréquents qu'avec des tiges longues — et à pointe longue (j'estime que la plupart des hameçons ont des pointes trop courtes).Pour les très gros poissons, je préfère toutefois les hameçons forgés,mais ceux-ci nécessitent un affûtage à la pierre :regardez-les à la loupe et vous comprendrez pourquoi.
Comme dans toute pêche au coup, il est bon de prévoir une gamme d'hameçons montés sur des bas de ligne. Afin de parer à toute éventualité, j'ai en permanence dans mon panier la série suivante de bas de ligne:H 22 sur 8% H 20 sur 8%H 18 sur 8% H 18 sur 10% H 16 sur 10% H 16 sur 12% H 14 sur 12% H 14 sur 14%Tous ces bas de ligne mesurent 40 cm de long et sont raccordés au fil principal par une espèce de « blood-knot »: le système « boucle dans boucle » est plus rapide mais nuit à la souplesse de l'ensemble.
Les plombsOn utilise exclusivement des plombs sphériques fendus, tels que ceux conçus par les anglais. Ce sont des plombs « mous » qui présentent plusieurs avantages :— ils abîment moins le fil,— on peut les fermer d'une pression des doigts et les ouvrir d'un coup d'ongle : cela permet d'une part de varier sans problème la disposition d'un plombage et, d'autre part, d'ajouter ou de retirer un plomb en un tournemain.Ces plombs anglais ont une numérotation curieuse mais que je vous conseille de retenir : d'abord parce que la plupart des flotteurs anglais vendus dans le commerce portent l'indication du nombre de ces plombs supportés par ces flotteurs,ensuite parce que, dans cette numérotation, chaque plomb correspond à peu près au double du plomb de taille immédiatement inférieure. C'est ainsi que : A suivre | |
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