Manni Administrateur
Nombre de messages : 1935 Age : 71 Localisation : Deauville Date d'inscription : 31/05/2008
| Sujet: Les secrets des pêcheurs a l' anglaise (6) Lun 23 Juin - 20:05 | |
| Les flotteurs des pêcheurs à l'anglaiseLa pêche en eau rapide
Les flotteurs pour rivières rapidesIl y a des circonstances où il est hors de question d'utiliser des flotteurs du type «waggler » et où il faut avoir recours à des flotteurs de conception classique, c'est-à-dire reliés à la ligne par deux points d'attache : c'est le cas lorsqu'on doit, pour bien présenter l'esche, contrôler en permanence la ligne en effectuant des « retenus » très marqués. Cette obligation se rencontre en général dans les rivières à courant très soutenu où il n'est d'ailleurs, le plus souvent, pas nécessaire de pêcher très loin. Dans une rivière du type Loire,par exemple, il est fréquent que les meilleurs postes se situent à proximité de la berge. On peut, bien sûr, les atteindre avec une canne « normale » et, dès lors, l'utilisation d'une ligne sur moulinet avec un flotteur traditionnel peut sembler ne pas présenter beaucoup d'avantages par rapport à une canne classique, à scion ou roubaisienne. Et pourtant, à mon avis,ces avantages existent. D'abord, on peut faire varier la distance de pêche sans avoir à changer de canne et de ligne, simplement en modifiant l'emplacement du flotteur. Ensuite, on peut allonger sensiblement la coulée. Enfin, et surtout, on dispose d'une réservede fil qui permet, le cas échéant, de venir à bout d'un « bestiau » qu'on n'attendait pas. Il m'est arrivé bien des fois — et je ne dis pas cela pour « rouler des mécaniques » puisque c'est à la portée de tout pêcheur pas trop maladroit — de prendre sur 10 ou 12 centièmes en bas de ligne des poissons de plusieurs kilos. Certains d'entre vous pourraient être sceptiques, mais c'est pourtant la vérité vraie : je me souviens en particulier d'un jour où, en compagnie de Michel DUBORGEL, j'ai pris plusieurs carpes de six et sept livres avec un hameçon de 16 sur 12 centièmes. Et j'en ai également fait prendre — avec le même matériel — à nombre de pêcheurs qui, à priori, n'auraient peut-être pas imaginé qu'ils pouvaient venir à bout d'aussi gros poissons sur des fils aussi fins. C'est, en somme, de la pêche au coup à « l'ultra-léger».On comprend donc, dès lors, tout l'intérêt d'une canne à moulinet dont les possibilités sont beaucoup moins limitées que celles d'une canne classique, même roubaisienne : il arrive forcément un moment où l'élastique ne peut plus rien donner, est à la limite de l'allongement, et c'est la casse. Au contraire, avec 100 mètres de fil en réserve, on a le temps de voir venir.
En ce qui concerne les modèles de flotteurs utilisables, on peut employer les mêmes que pour la pêche au coup habituelle, par exemple ceux de forme « carotte » en balsa. Pour les eaux un peu tourmentées,j'utilise un modèle créé par les Britanniques, surnommé « Avon » et qui, grâce au renflement à sa partie supérieure, a une très bonne stabilité même dans les courants irréguliers. Sur ce modèle, le corps est en balsa, la quille et l'antenne en bambou.Il existe un autre flotteur très particulier, également conçu par les Anglais : le « Stick » dont la partie supérieure est en balsa et les deux tiers inférieurs en bambou très lourd de manière à agir comme une « quille ». C'est un flotteur qui se comporte admirablement lorsqu'on pratique des « retenus » et des « relâchers » et il convient parfaitement lorsqu'on pêche à 10 mètres et moins, à condition que le courant soit assez régulier et ne comporte pas de tourbillons.Quel que soit le modèle choisi, il faut, bien entendu, prévoir plusieurs longueurs pour pouvoir affronter les différentes profondeurs et les courants plus ou moins soutenus. La taille va, évidemment, conduire à une plombée plus ou moins importante : celle-ci sera composée de plombs n° 4 ou BB groupés à une quarantaine de centimètres de l'hameçon avec, à mi-chemin et pour parachever l'équilibre,un plomb n° 8 ou 6.
Pour les tenants de la plombée divisée — et les Anglais le sont généralement — il est possible d'employer une autre disposition : un plomb n° 6 ou 4 tous les 25 ou 30 cm entre le flotteur et le bas de ligne. Il faut alors pêcher plus lourd, choisir un flotteur plus important mais l'on obtient une ligne plus souple, et, semble-t-il, une meilleure présentation de l'esche, en même temps qu'un contrôle plus aisé.En passant, je signale que lorsqu'on utilise un flotteur à deux points d'attache avec une plombée divisée, les emmêlages sont fréquents si on lance de la manière habituelle. Il faut, dans ce cas, lancer latéralement,en revers, canne presque parallèle au sol : vous constaterez alors que la ligne s'étale parfaitement et sans « perruques ».Autre point très important : pour bien contrôler la ligne, il faut la lancer devant soi (et pas en amont) et pêcher vers l'aval. C'est pourquoi l'amorçage doit être effectué davantage en aval qu'à l'ordinaire de manière que la ligne soit déjà en action de pêche au moment où elle arrivera sur l'amorce. Pendant toute la durée de la coulée, qui pourra se prolonger sur 10 ou 15 mètres (voire davantage dans des conditions idéales), on devra en permanence rester en contact avec le flotteur, c'est-à-dire conserver la bannière tendue à la fois pour procéder à des retenus et relâchers,et pour pouvoir ferrer rapidement en cas de touche.Bien évidemment,il faudra lâcher du fil petit à petit et, pour ce faire, le mieux est de garder le pick-up ouvert et de contrôler le dévidement avec l'index contre la bobine. Le plus difficile dans le maniement de ce type de flotteur est de le faire évoluer parallèlement à la berge, c'est-à-dire bien dans le sens de la coulée, pour que la présentation de l'esche soit naturelle.
Le coulissant en eaux rapides
Si l'on veut employer un flotteur à deux points d'attache (coulants ou œillets), on ne peut le faire que lorsque la profondeur ne dépasse pas 3 m ou 3,50 m. Au-dessus, il va falloir avoir recours au bouchon coulissant.Contrairement à celui qu'on utilise en eau calme et qui ne coulisse que par la base, on va, afin de mieux contrôler la ligne dans le courant, employer cette fois un flotteur doté de deux anneaux dans lesquels coulissera le fil. Comme d'habitude au coulissant, un nœud d'arrêt constitué par une ligature de nylon servira de butée au flotteur pour pêcher à la profondeur voulue.Le flotteur doit être d'assez forte taille : il doit en effet supporter une plombée suffisante pour que celle-ci descende à fond assez rapidement et fasse coulisser le fil le plus vite possible (ce qui est d'autant plus difficile que le courant est vif et la profondeur importante). Plus que jamais dans la pêche au moulinet, il ne faut pas craindre de pêcher « lourd »: 2 g et parfois plus ; quant à la matière du flotteur, elle peut être le balsa (mais d'au moins 5 à 6 mm de section),la plume de paon, ou même le porc-épic qui est très solide mais moins bon porteur et a tendance à favoriser les emmêlages lors du lancer.En ce qui concerne la disposition de la plombée, elle est archi-simple : une plombée massive — constituée soit de quelques plombs groupés, soit d'une olivette fixe — à environ 50 cm de l'hameçon et un plomb d'appoint à 25 cm. Une plombée divisée n'est pas souhaitable car elle n'entraînerait pas assez rapidement l'esche à fond,compte tenu du courant. Il faut aussi prévoir un petit plomb d'arrêt du flotteur vers le bas afin qu'il ne puisse pas descendre sur la plombée au moment du lancer.La pêche au coulissant en eaux rapides est peut-être, de toutes les pêches à l'anglaise, celle qui peut paraître la plus rustique. Elle est en effet simple mais cependant efficace et permet, pour les raisons évoquées plus haut, de maîtriser sur des fils fins des poissons de poids respectable.A suivre | |
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