Dans mes précédents articles, j'ai plusieurs fois cité les « casters », mais sans entrer dans les détails, ce que je vais faire maintenant. Cette esche a en effet révolutionné la pêche au coup en Angleterre, et la révolutionnera peut-être un jour en France : des essais effectués par quelques-uns de mes amis français ont donné des résultats étonnants.Mais, d'abord, qu'est-ce exactement qu un caster ? C'est la chrysalide de l'asticot qui, à un certain stade de son évolution, est lourde et coule quand on la jette dans l'eau. Ce stade est celui qui suit immédiatement le moment où l'asticot se transforme en chrysalide, et ne dure que quelques heures... après quoi la chrysalide, devenue « épine-vinette » s'allège et flotte. Pendant des années, les pêcheurs anglais ont utilisé les épines-vinettes comme esches, mais ils ne pouvaient en incorporer à l'amorce puisqu'elles flottaient et ne pouvaient, par conséquent, intéresser les poissons de fond tels que le gardon ou la brème.
Il a fallu bien longtemps avant qu'on s'aperçoive que la chrysalide est lourde à un moment de son existence, et peut être utilisée à la fois pour l'eschage et l'amorçage, exactement comme une graine de chènevis ou un grain de blé.
Très rapidement, il s'est posé un problème : comment stopper l'évolution de la chrysalide et l'empêcher de se transformer en épine-vinette légère ?
C'est en trouvant la solution à ce problème qu'on a véritablement fait une découverte. A première vue, cela n'a l'air de rien... mais c'est ce qui a amené l'incroyable succès du caster aussi bien auprès des poissons que des pêcheurs.
Avant de vous indiquer comment procéder pour préparer des casters, je voudrais vous donner quelques indications préliminaires.
Tout d'abord, à propos du temps nécessaire pour qu'un asticot se transforme en caster :
à une température moyenne de 18 à 20 degrés, l'évolution demande 5 à 6 jours. Ce qui signifie que si vous avez besoin de casters pour un week-end, il faudra en entreprendre la préparation le week-end précédent. A noter que la transformation est plus longue si la température est plus basse.
Autre point à signaler : une quantité X d'asticots donne toujours une quantité de casters inférieure, d'environ 25 °/o. Autrement dit et par exemple, 2 litres d'asticots donneront environ 1 litre et demi de casters. Il est difficile de déterminer avec précision la quantité de casters nécessaire pour une partie de pêche : tout dépend du courant et de la profondeur. On peut, en moyenne, considérer qu'un litre est suffisant pour pêcher en eau lente et que deux litres sont nécessaires pour les eaux assez rapides (compte tenu, je le rappelle, que les casters sont utilisés à la fois pour l'eschage et pour l'amorçage).
Je vous rappelle, d'autre part, que les asticots destinés à produire des casters doivent être le plus frais possible, faute de quoi leur transformation risque d'être plus rapide que prévu. Il faut également souligner que plus les asticots sont gros, plus, évidemment, les casters le seront... et ils doivent l'être si vous voulez obtenir de bons résultats.
Tout ce qui précède étant posé, voyons comment vous allez procéder pour produire vos casters. La première chose est d'avoir la quantité nécessaire d'asticots, soit que vous aurez élevés vous-même, soit que vous aurez achetés et que vous préparerez — si vous voulez pêcher par exemple un dimanche — le lundi précédent.
Première opération : passez les asticots sur un tamis à mailles de 3 ou 4 mm et jetez les déchets et les asticots morts. Puis, si vous avez par exemple 2 litres d'asticots (pour produire environ 1 litre et demi de casters), séparez-les en quatre parties égales dans des boîtes différentes, avec un peu de sciure fine, et mettez les boîtes dans un endroit frais et sombre.
Ne vous en occupez plus jusqu'au mercredi. Il est peu probable alors qu'il y ait déjà des chrysalides, mais c'est cependant une bonne précaution de tamiser à nouveau les asticots au cas où certains seraient morts entre temps. C'est alors qu'il faut commencer à surveiller vos asticots sérieusement, matin et soir et si possible même à la mi-journée :
vous n'allez pas tarder en effet à voir apparaître les premières chrysalides (en principe, si vous avez conservé vos asticots à la bonne température, cela devrait se produire jeudi soir ou vendredi matin). Il faut alors tamiser les asticots et les chrysalides resteront dans le tamis. Celles-ci sont théoriquement des « casters », donc des chrysalides lourdes, mais certains pêcheurs préfèrent s'en assurer : il y a alors différents procédés, différentes « techniques ». Voyons d'abord la méthode la plus courante.
Remplissez un seau d'eau froide et propre et mettez-y les chrysalides. Si certaines flottent — il y en aura peut-être quelques-unes — ramassez-les à la main et jetez-les. Laissez celles qui coulent dans l'eau et mettez le seau dans un endroit frais. Vous répétez les opérations de tamisage des asticots restants et de séparation des « flottants » et des « coulants » le vendredi et le samedi.
Le dimanche matin — jour où vous allez à la pêche — videz le seau de l'eau qu'il contient, mettez les casiers dans votre boîte à esches et couvrez-les seulement d'eau propre et fraîche.
Mais il y a deux autres techniques reposant sur l'utilisation d'un réfrigérateur. Dans les deux cas le procédé reste le même que précédemment jusqu'à l'apparition des premières chrysalides. C'est ensuite qu'on peut procéder de deux manières.
— Première manière : après le tamisage, on met les « casters » dans un récipient d'eau. Les « flottants » sont jetés. Les autres sont mis sur un tamis où ils sèchent pendant 15 à 30 minutes. Puis on les met dans des boîtes ou des sacs plastique, au réfrigérateur, à une température qui ne sera pas inférieure à 1 degré centigrade (c'est très important).
N'oubliez pas que, bien qu'inertes, les casters sont vivants et ont besoin d'air : il faut donc leur en donner de temps à autre en dénouant les sacs ou en ouvrant les boîtes.
— Deuxième manière : c'est celle adoptée par ceux qui ne jugent pas opportun de vérifier si les chrysalides sont lourdes pu pas et qui, après avoir tamisé les asticots, mettent les casters au réfrigérateur tels quels. :
II est également possible, si l'on dispose d'un réfrigérateur, de produire directement des casiers. Pour cela, il faut mettre les asticots au froid (1 ou 2 degrés) et simplement les tamiser au fur et à mesure que les chrysalides se forment. Le procédé est évidemment moins rapide car la transformation est beaucoup plus lente. Cela a cependant l'avantage de donner des casters de très bonne qualité. Il est également à noter que des casters qui n'ont pas été mouillés (autrement dit mis dans l'eau pour vérifier qu'ils sont lourds) se conservent plus longtemps : de 8 à 15 jours en moyenne.
(à suivre)
Colin GRAHAM (traduction D. MAURY)