J'adore chiner chez les brocanteurs.
Pas pour les meubles ou les bibelots (mon épouse s'en charge ) mais pour les vieux bouquins.
En plus quand ça parle de pêche, je ne résiste pas.
Dégotté chez un broc de Val André Pléneuf, "Nouvelle méthode de pêche pratique" de Louis Matout.
Un livre a la pointe du modernisme.
Jugez plutôt il a été édité en 1924 !!!
Un p'tit bouquin qui tient dans la poche. Aux pages coupées et au style suranné.
Mais agréable a lire et étonnamment actuel.
Method feeder, auto ferrage, back leads, bouillette ( noquette ?), moulinet débrayable ....des machins modernes.
Pas tant que ça.
Jugez plutot ! LES LIGNES A SOUTENIR
Ce que nous avons déduit de la connaissance du sens des poissons pour l'appliquer à une construction plus rationnelle de la ligne flottante, trouve également son application a tout ce qui touche la pêche.
Il y aurait des volumes à écrire sur ce sujet, mais ce n'est pas notre intention de nous y étendre à perte de vue ; nous allons seulement passer une rapide revue de ce que l'on peut faire pour améliorer la technique des amateurs qui opèrent dans nos cours d'eau, surtout la Seine et ses affluents, qui sont peut-être les plus poissonneux de France, malgré la pêche intensive qui y sévit. Cette pêche intensive a eu pour effet d’éduquer le poisson au point que, malgré le grand nombre de pêcheurs qui les fréquentent bien peu réalisent de belles pêches.
Nous ne parlerons pas des filets, moins intéressants pour le vrai pêcheur, et nous nous en tiendrons aux lignes que l'amateur emploie en sa présence, en bateau ou du bord.
Parmi les lignes les plus employées dans ces conditions, figurent celles dites « à soutenir », où l'amorce est maintenue à fond par une plombée ou une pelote de terre grasse.
LA LIGNE A PELOTE. DEUX ECOLES : PLOMB 0U LIEGE.
Nous ne décrirons pas ces lignes que tout pêcheur connaît, nous manifesterons simplement notre préférence pour la ligne à « pelote » et à propos de cette dernière nous rappellerons qu'il y a deux écoles : la première préconise dans la pelote de terre l'emploi d'un fort plomb, qui a pour effet de maintenir à fond l'hameçon amorcé alors même que la terre est complètement désagrégée par le courant ou les poissons.
La seconde, moins nombreuse, préfère remplacer le plomb par un morceau de liège, dont l'avantage est de prévenir quand la pelote est désagrégée. En effet, le liège n'étant plus maintenu par la terre, remonte en surface et l'on voit tout de suite qu'il faut refaire son amorce.
Nous préférons de beaucoup le liège, car bien souvent la pelote est ouverte et l’hameçon nettoyé de son amorce par le fretin, avant même que la terre soit entièrement désagrégée et le liège libéré. A fortiori, s'il y a un plomb, risquons-nous de laisser interminablement à fond une ligne désamorcée ne « pêchant » plus.
Une autre raison nous fait encore préférer le liège, c'est qu'à cause de sa légèreté il ne « ballote » pas à droite et à gauche quand on tire une belle pièce. Il arrive en effet quelquefois que les mouvements désordonnés d'un gros poisson, après avoir eu pour résultat d'élargir la plaie faite par l'hameçon, fassent décrocher celui-ci par un saut du plomb. L'emploi du liège corrige donc ce défaut.
La pêche à la pelote s'emploie surtout pour le barbeau, puis la carpe et la brème. L'amorce la plus employée est l'asticot, mais pour la carpe on réussit parfois aussi bien en garnissant de pomme de terre cuite à l'eau, de blé cuit, de fèves ou de féverolles, de chènevis et en mettant de ces mêmes substances comme « esches, c'est-à-dire à l'hameçon.
LA LIGNE A PLOMBEE SEULE.
A la ligne à plombée seule, sans pelote, tout est bon : fèves, vers, pomme de terre, grosse « noquette » ; à moins que l’on ne recherche spécialement le barbillon, auquel cas le gruyère est indiqué, ce que chacun sait d'ailleurs.
FAUT IL FERRER AVEC LES LIGNES A SOUTENIR ?
Beaucoup de pêcheurs, quand ils emploient des lignes à soutenir, ne pêchent qu'à ce système à la fois ; ils tiennent la canne, ou le « pistolet », ou même simplement la ligne, toujours en main, afin de sentir les touches et de ferrer au bon moment.
Un moindre nombre, auquel je me joins, ne pratiquent la pêche à soutenir que comme accessoire de la pêche au coup, pour prendre le gros poisson qui vient à l'amorce. Dans ce cas, on monte sa ligne sur moulinet à cric installé sur une canne courte et rigide, que l'on pose sur le bateau, dans l'axe, afin que les oscillations du roulis ne fassent pas secouer la ligne, ce qui intimiderait les poissons. La plombée, ou la pelote, étant lancée à une dizaine de mètres en aval du « coup », on se remet à pêcher à la ligne flottante. Quand un poisson est pris, on entend le « cric » qui indique sa fuite ; cet incident est un sujet de très amusantes surprises car il se produit souvent quand on y pense le moins.
Plusieurs pêcheurs m'ont fait cette objection, qu'en opérant de cette façon on ne pouvait pas ferrer sur la touche. Or j'ai souvent péché autrefois à la pelote, tenant la ligne en main et attendant la touche : j'en fais juge ceux qui pratiquent ainsi : combien casse-t-on de pelotes en ferrant à vide, avant de prendre une pièce?
Au contraire, avec un hameçon bien acéré et en attendant « le départ », le poisson se ferre seul sur le poids de la pelote, et je n'en perds ainsi que bien rarement. Ensuite des ferrages répétés intimident le poisson, surtout le gros, et je suis certain que s'il m'arrive plus souvent de prendre de très grosses pièces, c'est à cette attente du ferrage automatique que je le dois, et je l'emploierais même, cette méthode d'attente, dans les cas où je ne pêcherais qu'à soutenir seulement.
COMMENT ATTENUER LA VIBRATION DES LIGNES A SOUTENIR
Abordons maintenant un sujet qui rentre davantage dans le cadre du programme que nous nous sommes tracé.
Y a-t-il dans la pêche a soutenir des circonstances qui puissent inquiéter le poisson et l'empêcher de mordre? Peut-on y remédier?
Nous avons déjà fait allusion aux organes de la ligne latérale qui sont des récepteurs extra-sensibles de toutes les vibrations qui se produisent dans l'eau. Justement, le plus grave défaut des lignes à soutenir est de vibrer sous l'influence du courant. Cet effet est facile à constater, soit par la sensation directe à la main, soit en considérant la ligne au point exact où elle sort de l'eau ; on voit en ce point se former un sillage, caractéristique de l'intensité de la vibration. La ligne tout entière devient alors une véritable corde vibrante, qui fait vibrer elle-même la plombée ou la pelote, comme elle fait vibrer à l'autre bout la canne que l'on tient à la main, la tension de la ligne étant la même aux deux bouts.
Cette vibration dépend de deux facteurs principaux ; la vitesse du courant et la surface de résistance que la ligne offre à ce courant. On peut donc diminuer la vibration en diminuant la grosseur de la ligne, ou en cherchant un lieu où le courant soit moins rapide. L'angle sous lequel la ligne se présente au courant a également une certaine importance. En général, on peut dire que la vibration de la ligne est un obstacle à la réussite de la pêche, quand on constate que le courant la tend fortement, ce qui se sent mécaniquement, soit par la traction sur la main, soit en constatant la flexion de la canne.
Nous disions que l'on peut atténuer la vibration en changeant de place pour chercher un courant plus doux, mais il est des cas où la place est bonne, et quelquefois en effet, malgré ce que certains prétendent, on prend de très beaux poissons et en plus grande quantité, dans des endroits à courant vif que dans les endroits calmes. En ce cas, i! faut conserver sa place car, si l'on ne peut empêcher la ligne de vibrer, on peut du moins empêcher la vibration de se propager jusqu'à l’endroit psychologique, autrement dit l'amorce.
Le moyen est très simple, il suffit d'avoir avec soi de la terre grasse, des bouts de ficelle, ou de préférence de raphia . On fait une petite pelote de terre, un peu plus ferme que les pelotes qui « pèchent » ; naturellement on n'y met cas d'amorces. On emprisonne ensuite dans cette pelote les extrémités d'une petite anse de raphia ou ficelle, dans laquelle est engagée préalablement la ligne à soutenir déjà fendue et en place .
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On « mollit » celte dernière de manière que la deuxième pelote « coulisse » tout le long par son anse et arrive au fond à 3 ou 4 mètres de l'amorce (pelote ou plombée) (1).
On obtient alors la disposition suivante : en aval, l'amorce; puis, en remontant le courant, la ligne à plat sur le fond pendant quelques mètres ; on arrive à la deuxième pelote sur laquelle s'amortissent toutes les vibrations, puis la ligne remonte jusqu'à la canne (voir fig.
. Le poisson peut donc circuler autour de l'amorce sans être inquiété par la ligne remontante. S'il mord, il se ferre tout seul comme nous l'avons dit, arrache l'anse de la seconde pelote, et s'en va, avertissant le pêcheur par le « crissement » du moulinet.
Il m'est très nettement arrivé, en basse Seine, où j'ai inauguré ce système, de constater qu'après avoir péché comme on le fait d'habitude, sans précaution contre la vibration, la carpe « donnait » peu après que j'avais « coulé » sur ma ligne la pelote supplémentaire, pour l'amortissement de cette vibration. Le procédé est assez facile à employer pour que chacun puisse en faire l'essai. Evidemment, il n'est pas question d'avoir à y recourir dans les cas où le poisson mord bien sans cela, comme par exemple lorsque l’on pêche le barbillon à la petite pelote et que ça mord de façon suivie. Ce procédé est plutôt recommandé quand on pêche à la « grosse pelote », en même temps qu'au « blanc » à la ligne flottante, et que l’on cherche surtout les grosses carpes.
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